[chant dédicatoire (non traduit)]







C’est à Tapikoṭ que tu es né, ô mon seigneur d’Ajaymir
Tous les quatorze ont brûlé, la mort s’est installée – salutation, mon roi
Oui, j’étais ton serviteur, ô mon grand roi Pahāḍī Sāhī
O grand roi, sois loué, salutation, ô roi des Dholī…
Ce disant, grand-roi, [en présence des] Dhuni-Muni, des Phurtyal, des Joro-Moro, des Rājo-Pāgo, des Pāl-Gopāl, des proches et des lointains, des amis et des ennemis, des alliés et des opposants, [le roi Pahāḍī Sāhī] déclara : « Eh fils, si tu donnes en tribut pour Ajaymir Koṭ un poisson d’or et chat d’or, je te permettrai de jouir du fief de Doṭī. Sinon je ne te le permettrai pas.
— Meurs donc en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! Si jamais je te paye tribut, puissè-je pendant trois vies être réincarné comme âne, ma mère comme truie et mon père comme âne ! Je ne paierai pas !
A peine as-tu donné un soir ce tien fief de Naulākoṭ, que tu le reprends le minuit même !
[Bikā Paneru] alors dit à sa noble épouse : « Qu’il meure donc en buvant le brouet de sa race, ce fils d’ennemi ! Nous ne pouvons plus jouir de notre fief de Doṭī. Allons-nous en au Kumāon. » Sur ces paroles, de quelle façon se mettent-ils en chemin…
Yā ho !
la cotte de mailles est solide, son point est solide
la cotte de mailles est solide, son point est solide
Yā ho ! au coté droit, roi pourvu d’un cimeterre
Yā ho ! au coté droit, roi pourvu d’un cimeterre
Yā ho ! au coté droit, roi pourvu d’un cimeterre
Au coté gauche, roi pourvu d’un poignard
Au coté gauche, roi pourvu d’un poignard
Il a les côtes solides gaillard, il a l’échine solide
Il a les côtes solides gaillard, il a l’échine solide
Il a les côtes solides gaillard, il a l’échine solide
Yā ho ! au coté droit, roi pourvu d’un cimeterre
Sur son dos il met un bouclier en forme de lune
Sur son dos il met un bouclier en forme de lune
Yā ho ! sur sa tête il met un turban de velours
Yā ho ! sur sa tête il met un turban de velours
Yā ho ! de sa main il saisit une canne-épée
Yā ho ! de sa main il saisit une canne-épée
Yā ho ! au côté droit, roi pourvu d’un cimeterre
Yā ho ! il se revêt le corps d’un habit étincelant
Yā ho ! il se revêt le corps d’un habit étincelant
Yā ho ! les côtes solide, l’échine solide
Yā ho ! les côtes solide, l’échine solide
Ô grand-roi ! Les côtes solides, l’échine solide, l’arc robuste, le cimeterre à gauche, la dague à droite, [armé du] sabre [à manche] de bouleau, de la canné-épée, du poignard à tête de dieu, équipé des cinq-armes, ô grand-roi, Bikā Paneru se mit en chemin.
La moitié de la nuit passée, la moitié de la nuit devant, au beau milieu de la nuit… le jour suivant monta, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le coq perché chanta ; le roi et ses sujets s’éveillèrent, et le conseil se réunit dans la salle d’audience, ô grand-roi.
Alors [Bikā Paneru] dit : « Chandra Bhān, mon fils – qu’il meure donc en buvant le brouet de sa race, le fils de l’ennemi ! – viens donc dans mon giron, mon petit. » Il prit son fils Chandra Bhān et le plaça dans son giron.
« Dague enfoncée dans l’échine, pieu enfoncé dans l’échine – depuis que tu es né, Chandra Bhān, [nous sommes] privés de Naulākoṭ ! »
Il dit ainsi, grand-roi ! Le lendemain matin le jour suivant monta, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le coq perché chanta, grand-roi, et ils se mirent en route.
En cheminant, grand-roi, ils allèrent au champ de Tāmali. Nobles femmes [comprises], tous se rendirent au champ de Tāmali [avec Bikā Paneru].
[De son côté, le roi Pahāḍī Sāhī déclara] : « Ô mon fils ! Qu’il meure en buvant le brouet de sa race, le fils de l’ennemi ! On dit que Bikā Paneru est parti, va, fils, va et fais-le revenir ! ».
Disant cela, grand-roi, il donna une feuille écrite à quatre messagers, qui d’Ajaymir se rendirent au champ de Tāmali. Ils allèrent à la rizière de Cipur, [où] ils déclarèrent :
« Dieu vous garde, ô roi Bikā Paneru ! — Dieu te garde, fils,
puisses-tu demeurer et prospérer, puisses-tu faire fortune et devenir immortel ! Pourquoi es-tu venu, pourquoi es-tu venu ? 
— Oh, rien d’autre que ceci… » dirent-ils, grand-roi. « C’est au sujet dudit Bikā, ministre de la maison de Doṭī, fils de haute extraction, fils d’un brahmane. Il paraît qu’il s’en est allé, on nous a dit de le faire revenir, nous sommes venus pour cela. 
— Ah ! Meurs en buvant le brouet de ta race, fils de l’ennemi ! Quand le brave est atteint il secoue sept terrasses, quand le couard est atteint il mord la poussière de sept terrasses ! »
C’est ainsi, en vérité ? — Oui, en vérité.
« Honte au guerrier qui abandonne ses armes, honte à la femme qui abandonne sa cuisse ! Que je sois pendant trois vies réincarné comme âne, ma mère comme truie et mon père comme âne si jamais je m’en retourne à Doṭī ! Je ne viens pas ! Je n’irai pas, compris, je n’irai pas, j’ai dit !
Déchirez les cordons de mes habits de corps et de tête ! Et pour monter, il y a ce vieux cheval,
ils vont demander ce que Bikā Paneru a donné : ce sera ma perte pour l’honneur{1}, prenez ce cheval ». Il coupa les cordons de ses vêtements qu’il jeta à la figure des quatre messagers, et leur donna son vieux cheval.
« Meurs en buvant le brouet de ta race, je ne reviens pas ! » dit-il, et les messagers ramenèrent la missive à Ajaymirkot.
«  Dieu te garde, ô roi Pahāḍī Sāhī !
— Salut, mes enfants ! Quelle nouvelle amène votre salut ? — Rien de plus que ceci, dirent-ils, grand-roi : nous étions partis pour faire revenir Bikā Paneru, mais il a dit non, il a dit qu’il ne viendrait pas.
— Honte au guerrier qui abandonne ses armes, honte à la femme qui abandonne sa cuisse !
Quand le brave est atteint il secoue sept terrasses, quand le couard est atteint il mord la poussière de sept terrasses !
Pas de haine pour un enfant, pas de poison pour un serpent, mais de qui est né cet enfant, d’où vient ce serpent ? 
Hélas ! Si c’est comme ça… ». Il dit ainsi, grand-roi. Les messagers déclarèrent : « Il a fait écrire et [nous] a donné une missive [que voici] :
‘Si je détruis ton fort d’Ajaymir pour me bâtir avec ses pierres, ses murs et ses tours un grand palais à Champawat, je suis bien Bikā Paneru, sinon, tu pourras dire que je suis né de l’esclave qui monte la garde à ta porte !’ C’est ce qu’il a fait écrire sur la lettre qu’il nous a donnée. »
« Meurs donc en buvant le brouet de ta race ! »
Le roi Pahāḍī Sāhī s’étrangla ; il lut la lettre à haute voix et fit khararara, en lisant la réponse donnée par Bikā Paneru : « Je détruirai ton fort d’Ajaymir et je me bâtirai un grand palais à Champawat avec ses pierres, ses murs et ses tours ! Sinon je suis né de l’esclave qui monte la garde à ta porte ! 
— Meurs en buvant le brouet de ta race, fils de l’ennemi ! Si c’est comme ça, alors d’accord ! » dit le roi Pahāḍī.
Le lendemain matin le jour suivant s’ébroua, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le roi et ses sujets s’éveillèrent et le conseil se réunit dans la salle d’audience.
Toute la gent de Bikā Paneru se leva des rizières irriguées de Cipur, et ils s’en furent au ruisseau de Tamil.
A ce moment-là, Bikā Paneru avait une suite nombreuse, qui avait grand appétit. Mais il n’y eut plus de quoi les nourrir.
«Eh mes enfants ! Mourez en buvant le brouet de votre race, fils d’ennemis ! Arrachez donc du giṭha et du tarul, puis faites-les cuire ! » dit-il, grand-roi. Ils arrachèrent des tubercules de giṭha et du tarul, les firent cuire et les mangèrent.
Sur ce, les chevaliers du fort d’Aṭhlās aux vingt-deux-Kumaon envoyèrent leurs femmes avec des jarres, et elles arrivèrent au réservoir pour les remplir d’eau.
« Ah ! Ces bâtards ont empesté notre réservoir.
*Pourquoi, qu’est ce que ça sent?
Ils prétendent que cette odeur d’asafoetida et de cumin qui se dégage sent [la rose] ! Si encore ils étaient allés manger ça dans leur fief de Doṭī, ils auraient pu dire que c’était une bonne odeur… Mais ici, on appelle ça de la puanteur, bâtards ! » Elles se mirent à parler ainsi.
Les épouses [de la gent de Bikā Paneru] les entendaient.
*[L’épouse de Bikā Paneru dit] « Mourez en buvant le brouet de votre race, fils d’ennemis ! The army of Bika Paneru
 ‘Pari à douze, pari à dix-huit’ …Vous êtes en train de risquer votre chance au jeu !
Puisse toute votre fortune être dépensée en dons et en cérémonies funéraires ! Entendez-vous un peu ce qu’elles racontent, celles-là, entendez-vous un peu ? 
— Oui, nous avons entendu ! »
Le lendemain matin le jour suivant monta, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le coq perché chanta et on tint conseil dans la salle d’audience.
Alors, l’on dit : « Meurs donc en buvant le brouet de ta race, en vérité !» [car] dans la maison du père de Jagi Chand, dans les calendriers des astrologues, il apparut que c’était jour de śraddha.
Il y avait tous les brahmanes nécessaires pour préparer les plats et la nourriture, mais aucun d’entre eux n’avait de livret des Purāna.
[Alors le roi Jagi Chand dit] : « Mourez en buvant le brouet de votre race, fils d’ennemis ! Quel brahmane possède donc ce livret ? »
« Personne d’entre nous ne l’a.
Peut-être chez un nommé Bikā, ministre de la maison de Doṭī ; il a peut-être ce Purāna… ». [Le roi dit] : « Allez-y !», et quatre messagers transmirent la lettre qu’avait [fait] écrire Jagi Chand :
« Bikā Paneru ! Aujourd’hui il y a le śraddha du père du roi, le śraddha du père de Jagi Chand, et on cherche le livret des Purāna. L’as-tu, toi ? — Oui, je l’ai ! »
Et, à ce moment-là, grand-roi, il saisit son Purāna, le mit sous son bras et s’en fut au palais de Jagi Chand.
« Dieu vous garde, roi Jagi Cand, Dieu vous garde, grand-roi !
— Salut, ô brahmane ! — Grand-roi, à vos ordres !
— As-tu ce livret de Purāna ? — Oui, seigneur.
— Alors ouvre-le, va !
— Que je l’ouvre, seigneur ? — Oui, ouvre, ouvre donc ! »
Le brahmane qui ne récite pas à haute voix le livret des Purāna tout entier, qu’il soit réincarné pendant trois ères comme âne, sa mère comme truie et son père comme âne !
Et l’homme qui ne donne pas un plein bouclier d’or pur et un plein bouclier d’argent pur au brahmane de qui il a entendu la récitation complète, qu’il soit réincarné pendant trois ères comme âne, sa mère comme truie et son père comme âne !
O grand-roi ! Le roi Jagi Chand se saisit du livret de Purāna.
Il déposa [en offrande] un plein bouclier d’or pur et un plein bouclier de pur argent. Une fois le śraddha du père du roi accompli,
Bikā Paneru s’en revenait en portant sur son cheval un plein bouclier d’or et un plein bouclier d’argent purs. Par ce même chemin, Bijaya Singh Geḍo, qui venait de mettre à sac le Terāi d’un bout à l’autre, qui venait de ravager les bourgs de Prétexte et d’Excuse, revenait chez lui au fort de Kolāuli.
Bika Paneru arrivant d’un côté, et Vijaya Singh de l’autre, comment leur rencontre survint-elle ?
« Qui es-tu, fils ? Qui es-tu, venu du ciel avec ta vêture rouge, tes grelots d’une once et tes clochettes d’une livre ?
— Je suis Vijaya Singh Geḍo, Vijaya Singh Geḍo.» Qu’est-ce donc que Vijaya Singh va disant…
Ya ho !
Il a frappé d’un côté de la plaine, il a frappé de l’autre
Il a frappé d’un côté de la plaine, il a frappé de l’autre
Il a frappé Niuriyā, l’ami, il a frappé Niuriyā
Il a frappé Niuriyā, l’ami, il a frappé Niuriyā
Ayant frappé d’un côté de la plaine, sire, ayant frappé de l’autre
Chargées sur ton cheval, tu apportes des pièces d’or, chargées sur ton cheval
Chargées sur ton cheval, tu apportes des pièces d’or, chargées sur ton cheval
Il a rapporté des pièces d’or chargées sur son cheval, il a rapporté des pièces d’or chargées sur son éléphant, dit-on, grand-roi. [Vijaya Singh Geḍo] dit [à Bikā Paneru] : « Eh ! Bikā Paneru ! Laisse-moi passer. »
[Celui-ci répondit] : « Crénom de bâtard ! Toi, laisse-moi passer, Vijayasingh !
— Non, je ne te laisserai pas passer ! Mais qu’est-ce donc que cela ?
—Je ramène des aumônes que j’ai mendiées dans ton pays, le Kumaon-aux-vingt-deux-royaumes.
— Meurs donc en buvant le brouet de ta race ! Va donc chez moi au Kumaon-aux-vingt-deux-royaumes, mendies-y donc un sac d’éleusine, [et tu verras] de quelle quantité d’éleusine tu vas nourrir ta gent !
Va donc prendre la femme de ton père ! — Va donc prendre la femme de ton père, l’ennemi !
Puisse ton grand-père manger de l’éleusine, puisse ton frère en manger, puisse ton beau-père en manger, puissent ton arrière-grand-père et tes ancêtres en manger ! Que moi, je mange de l’éleusine, dis-tu ?
Je tiens ce plein bouclier d’or et d’argent de ce que, au śraddha du père de ton roi Jagi Cand, j’ai ouvert un livret de Purāna, je le tiens de là ! Meurs donc en buvant le brouet de ta race ! »
Sur ce, il rebroussa chemin, tira la bride de son cheval et s’en fut au galop, il mena son cheval et s’en fut, grand-roi !
Les autres jours, [Vijaya Singh Geḍo] allait saluer le roi de bon matin ; ce jour-là, il y alla en fin d’après-midi.
Il lui dit : « Dieu vous garde, ô valeureux roi Bikram Chand !
— Bijaya Singh Geḍo ! Quand es-tu venu ?
— Je viens d’arriver, je suis arrivé hier au soir.

Tu disposes de ma richesse, tu la distribues à celui-ci et à celui-là.
Ensuite tu [leur] demandes de payer tribut pour leur fief !
Meurs donc en buvant le brouet de ta race, fils de l’ennemi ! Moi, je vais m’emparer d’eux, je vais déloger la gent de Bikā Paneru.
— Mais c’est le fils d’un brahmane ! C’est moi qui l’ai convoqué, et c’est moi qui lui ai fait don des quatre villages de Dhuṁśilā.
— Non ! Non ! Tu [les] lui as [peut-être] donnés, mais moi, je vais l’installer ailleurs !
— Il ne s’installera pas ailleurs. 
— Si c’est cela, qu’il se soumette à moi. On va bien voir ! ».
Alors, disant cela, comment s’équipe-t-il pour se rendre à Dhuṁśilā…
Ya ho!
J’ai les côtes solides, j’ai l’échine solide
J’ai les côtes solides, j’ai l’échine solide
J’ai le corps gaillard, et une cotte de mailles
J’ai le corps gaillard, et une cotte de mailles
J’ai le corps gaillard, et une cotte de mailles
Au coté droit, ô roi, pourvu d’un cimeterre
Au coté droit, ô roi, pourvu d’un cimeterre
Ami ! J’ai les côtes solides, j’ai l’échine solide
Ami ! J’ai les côtes solides, j’ai l’échine solide
Ami ! J’ai les côtes solides, j’ai l’échine solide
Au coté droit, ô roi, pourvu d’un cimeterre
Yā ho ! Mon vent doux souffle au ciel, mon vent doux souffle au ciel
Yā ho ! Mon vent doux souffle au ciel, mon vent doux souffle au ciel
Yā ho ! Mon vent doux souffle au ciel, mon vent doux souffle au ciel
Yā ho ! Mon vent doux souffle au ciel, mon vent doux souffle au ciel
Oui, l’ami, mon vent doux souffle au ciel, et un peu de brume sur terre
Hé, Vijaya Singh Geḍā,
(choeur) ne me fais pas de blessure...
(choeur) xxx
(choeur) xxx
(choeur) xxx
(choeur) xxx
(choeur) xxx
Cadaclop ! cadaclop !
[Le roi] dit : «  Hé, meurs en buvant le brouet de ta race, qu’est-ce donc que cela ? Attends un peu ! La sagesse veut qu’on ne fasse la guerre qu’après la paix, et après avoir fait patience ! Toi au contraire, tu combats sans attendre ! »
[Mais déjà Vijaya Singh disait] : « Eh, Bikā Paneru ! — Que dis-tu, Vijaya Singh Geḍo ?
— *Donne sept cent mille roupies à mon roi Jagi Canda. Donne-moi cent mille. Si tu me les donnes, je t’autorise à t’établir à Ajaymir. Sinon, je ne te le permets pas.
*Sinon, je ne te le permets pas. Compris, sinon, je ne te le permets pas.
— Meurs donc en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! Tu dis que je dois donner sept cent mille roupies au roi Jagi Chand, et à toi cent mille roupies, et qu’ensuite j’aurai l’autorisation de résider au Kumaon-aux-vingt-deux-royaumes ?? Hélas ! Est-ce donc ton lit ou le mien qui est fendu ? » 
« C’est donc ainsi, en vérité ? — Oui, en vérité. — Meurs donc en buvant le brouet de ta race !».
Bijaya Singh Geḍo tira la bride de son cheval et partit chez le valeureux roi Vikram Singh. Il dit : «Dieu te garde, roi valeureux !
— Qu’annonce ton salut ?
— Rien d’autre que cela, dit-il, grand-roi : je lui ai ordonné de me donner sept cent mille et de donner quatorze mille à mon suzerain Jagi Chand, et il a dit qu’il ne donnerait rien.»
Le roi lui dit : « Va, tu as bien fait, tu as fait comme il fallait. Attends un peu, je vais consulter [mon épouse] ». Il s’adressa à elle :
« Ô noble épouse ! — A vos ordres !
— [Bijaya Singh Geḍo] a dit [à Bikā Paneru] : ‘Je te laisse t’installer dans ton fief à la condition de me donner sept cent mille roupies, et quatorze cent mille roupies à mon suzerain Jagi Chand’… Comment faire ?
— Meurs donc en buvant le brouet de ta race, tu ne m’as pas laissé jouir de mes terres à Doṭī, je suis venue au vingt-deux-Kumaon, là non plus tu n’as pas accordé la jouissance des terres.
Tu vois là cette maison qui est debout ? Eh bien donne-la, tant qu’à faire ! Ah, meurs donc en buvant le brouet de ta race ! »
Alors, le corps robuste, l’échine robuste, l’arc bhatadi robuste, il s’équipa des cinq armes, grand-roi, le cimeterre au côté gauche, la dague au côté droit, son épée [au manche] de bouleau et son poignard à tête de dieu,
et il enfourcha son cheval Kalkhawā. Comment Bikā Paneru se prépare-t-il à aller au Kumāon-aux-vingt-deux-royaumes?…
[tambours, choeur] Yā ho !
la cotte de mailles est solide / son point est solide
la cotte de mailles est solide / son point est solide
« Mes côtes sont solides / mon échine est solide »
Sur son dos il met / un bouclier en forme de lune
Sur son dos il met / un bouclier en forme de lune…
O grand-roi ! Les côtes solides, l’échine solide, l’arc bhataḍi robuste, le cimeterre au côté gauche, la dague au côté droit, [armée de] son épée [au manche] de bouleau et son poignard à tête de dieu, équipé des cinq-armes, grand-roi, Bikā Paneru s’en fut au Kumāon-aux-vingt-deux-royaumes.
A ce moment-là, les Dhauni-Mauni, les Mahara, les Phurtyāl,
les Joro-Moro, les Pāl-Gopāl, les amis et ennemis, proches et lointains, alliés et opposants, tout ce qu’il y avait de chevaliers au Kumāon, les Joro-Moro, amis et ennemis, se tinrent sur le champ de manœuvres pour attendre l’arrivée de Bikā Paneru. Formant une assemblée où n’aurait même pas pu se glisser la queue d’une souris, ils se préparaient à recevoir Bikā Paneru.
Alors, o grand-roi, Bikā Paneru dit [à Jagi Chand]: « Dieu te garde, grand-roi ! Dieu te garde, grand-roi ! » Et il s’inclina en signe de respect.
« Fils, Bikā Paneru, qu’annonce ton salut ? — Rien d’autre que ceci :
Vijaya Singh Geḍā est venu en me disant de donner sept cent mille roupies à Jagi Chand, cent mille roupies à lui-même, Vijaya Singh Geḍā, et de [rendre] les villages de Dhuṁśilā, ainsi [par lui] tu es venu pour faire ma dotation.
— Ah oui, en vérité ? — C’est la vérité. »
[Vijaya Singh Geḍā s’écria] : « Meurs en buvant le brouet de ta race ! Tu as en effet déclaré cela, ô roi, mais celui-là ne veut rien donner. Sinon, tu aurais pu désormais recevoir sept cent mille roupies, et moi-même cent mille roupies.
Moi, je m’en vais faire sa dotation !»
Alors, Bikā Paneru revint chez lui à Dhuṁśilā.
Et le lendemain le jour suivant monta, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le roi et ses sujets s’éveillèrent,
et le conseil se réunit dans la salle d’audience. A ce moment-là, Bijaya Singh Geḍo leva le ban, il enfourcha son cheval Kalkhawā, et, emmenant [avec lui] tous les chevaliers du Kumāon, comment s’en va-t-il…
Comment les chevaliers du Kumāon se mettent-ils à dire…
« Meurs en buvant le brouet de ta race ! Attends un peu… 
Pari sur douze, pari sur dix-huit  !» Ils jouaient aux jeux de hasard, accompagnés des chanteurs qui chantaient, des danseurs qui dansaient, et de la ronde du ḍhusko kumāoni.
Là-dessus, de quelle sorte Vijaya Singh Geḍo s’en va-t-il…
Yā ho !
Les chanteurs chantent, les danseurs dansent
Les chanteurs chantent, les danseurs dansent
Les chanteurs chantent, les danseurs dansent
Les chanteurs chantent, les danseurs dansent
On a joué du tambour-sablier – tuḍki dāu dāu – on a joué du tambour-sablier
On a joué du tambour-sablier – tuḍki dāu dāu – on a joué du tambour-sablier
On a joué du tambour-sablier – tuḍki dāu dāu – on a joué du tambour-sablier
On a joué du tambour-sablier – tuḍki dāu dāu – on a joué du tambour-sablier
Les petits ministres mangent les petits mets
Les petits ministres mangent les petits mets
Les grands ministres mangent les grands mets
Le rebut convient aux rebuts
Le rebut convient aux rebuts
Le rebut convient aux rebuts
Hé sire, le bout [de panier] convient aux paniers
Hé sire, le bout [de panier] convient aux paniers
Les petites choses vont aux petites gens
Les petites choses vont aux petites gens
Les petites choses vont aux petites gens
Les grandes choses vont aux grands gens
Ami! le rebut convient aux rebuts
Le bout [de panier] convient aux paniers
Le bout [de panier] convient aux paniers
Le bout [de panier] convient aux paniers
Le bout [de panier] convient aux paniers
Ami! le rebut convient aux rebuts
Le bout [de panier] convient aux paniers
Les petites choses vont aux petites gens
Les petites choses vont aux petites gens
Et les grandes affaires aux grands ministres
O grand-roi ! Le corps robuste, l’échine robuste, l’arc bhataḍi robuste, le cimeterre au côté gauche, la dague au côté droit … [aparté avec les musiciens]
A ce moment-là, grand-roi, [l’on] dit : « Meurs en buvant le brouet de ta race, fils de l’ennemi ! Ecoute un peu !
Les chevaliers du Kumāon sont sur l’aire de battage en train de jouer aux jeux de hasard quatre à quatre –
meurs donc en buvant le brouet de ta race, et puisse ta fortune se ruiner en dons et en cérémonies funéraires ! – alors que pendant ce temps, Vijaya Singh Geḍo arrive là-bas avec son armée, sa suite, sa cavalerie et tous ses serviteurs !
Et vous, pendant ce temps, ‘pari à douze, pari à dix-huit !’ vous jouez aux jeux de hasard ! 
vous jouez aux jeux de hasard ! »
Bikā Paneru dit : «Meurs donc en buvant le brouet de ta race ! Hé, mon fils Candra Bhān ! — A vos ordres, grand-roi !
— Il y a ce gros bouc de douze ans, attaché par la tête à l’enclos, qui appartient à ton grand-père Amrit Paneru, père de Bikā Paneru,
attache-le et emmène-le là-bas avec une charge de riz, dis à Bijā Boharā qu’il s’occupe de tout le nécessaire, et va préparer les foyers. »
Alors, les braves du fort d’Aṭhlās au Kumāon se demandèrent de quelle manière on allait sacrifier [le bouc] ;
[pendant ce temps], Candra Bhān se cachait de Vijaya Singh dans un buisson, et ils tranchèrent le bouc comme un buisson de framboisier.
Candra Bhān dit : « Dieu te garde, Bikā Paneru mon père ! — Puisses-tu demeurer, mon fils ! Qu’annonce ton salut ?
— Le bouc attaché par la tête à l’enclos du grand-père, ils ont tardé à dégainer le khukuri, ils ont tardé à le trancher, puis ils se sont empressés de préparer le festin. Oui ! Ils se sont empressés de préparer le festin.
— Alors c’est bien, tout se passe au mieux. On dit bien que « patience et longueur de temps… ». Il ne faut pas t’impatienter. Attends, fils,
car lorsque le brave est atteint il secoue sept terrasses, mais quand le couard est atteint il mord la poussière de sept terrasses ! Mon fils, patiente. — Bon… d’accord. »
A ce moment-là, ils se [re]mirent aux jeux de hasard, et [ceux du] fort d’Aṭhlās, au Kumaon-aux-vingt-deux-royaumes, se mirent à préparer leur repas.
Et Chandra Bhān, en invoquant ses ancêtres, près du réservoir de quelle manière se prépare-t-il à les massacrer…
Ya ho!
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère, il combattra en traître
J’ai tranché de rage la moitié des chevaliers
J’ai tranché de rage la moitié des chevaliers
Il tombera des chevaliers comme des perdrix
Il tombera des chevaliers comme des perdrix
Il rugira comme le tigre, chevalier
Il se dressera comme le serpent, chevalier
Il se dressera comme le serpent, chevalier
Il se dressera comme le serpent, chevalier
Il se dressera comme le serpent, chevalier
A ce moment-là, grand-roi, enfant de héros, progéniture de lionne, comment les chevaliers du fort d’Aṭhlās attrapent-ils Chandra Bhān par les épaules, comment attaquent-il Bikā Paneru…
Ya ho!
Il se battra à bras-le corps avec cent hommes
Aujourd’hui, Bikā part se battre avec cent hommes
Aujourd’hui, Bikā part se battre avec cent hommes
Aujourd’hui, Bikā part se battre avec cent hommes
Aujourd’hui, Bikā part se battre avec cent hommes
Aujourd’hui, Bikā part se battre avec cent hommes
(???)
« Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! » dit-il, grand-roi. Et Bikā Paneru massacra ceux du fort d’Aṭhlās, au Kumaon-aux-vingt-deux-royaumes. Puis il rentra chez lui à Dhuṁśilā.
« Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! Eh, mon fils, Chandra Bhān !
— A vos ordres, grand-roi !
— Fils, ce poignard paunapāt reste accroché à ma peau dans un bain de sang, fais chauffer de l’eau, il faut le retirer.
— Qui a souillé tes vêtements ? — J’ai capturé pour toi le fort d’Aṭhlās au Kumāon, je l’ai capturé.
— Vraiment ? — Oui, je l’ai capturé.
— Tu as bien agi, père, c’est parfait, tu as fait ce qu’il fallait ! »
Lorsqu’il dit cela, grand-roi, Bikā Paneru déclara : « Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi, va consulter ta mère, va consulter ta mère.
— Ô mère !
— Qu’y a-t-il, Chandra Bhān ?
— Comment dire… Mon père a joint les mains [pour engager la bataille] au Kumāon-aux-vingt-deux-royaumes.
Que va-t-on dire ? Que faire ? Je ne joins pas les mains [pour engager la bataille], ou comment ?
— Mon fils, que la première blessure atteigne ton père Bikā Paneru, et que la suivante t’atteigne à toi !
Nous n’avons pas pu jouir de Doṭī, puis nous nous sommes emparés [de ce lieu], alors je suis venue au Kumāon-aux-vingt-deux royaumes, et à nouveau nous ne pouvons pas en jouir ! Puisse ta gloire demeurer, puisse ta descendance s’éteindre ! »
Et elle sortit tout en *parlant{2}.
[Chandra Bhān dit] : « Dieu te garde, Bikā Paneru mon père !
— Longue vie à toi, mon fils, puisses-tu vivre et prospérer ! Qu’a dit ta mère ?
— Elle a dit : ‘Que la première blessure t’atteigne, Candra Bhān, et que la suivante atteigne ton père Bikā Paneru !’
— Ah, meurs donc en buvant le brouet de ta race ! Ca ne vaut pas la peine de pleurer pour ça, mon fils. Elle a bien parlé. Va donc demander à ta tante.
— Bien, d’accord. » Et il alla trouver sa tante{3}.
« Dieu vous garde, tante ! — Longue vie à toi, petit, puisses-tu survivre et prospérer ! Qu’est-ce qui t’amène ?
— Mon père a engagé la bataille avec le fort d’Aṭhlās au Kumāon-aux-vingt-deux-royaumes, que dois-je faire ?
— Eh, petit, tu as bien fait, tu as agi correctement [en venant me voir]. Il ne faut pas trop chérir sa vie.
Vrille de concombre sur un tuteur de pin / moi, fille de Riṭhyāl Kārki, je me battrai jusqu’à la fin.
Si la lignée de ton père et de ton oncle chérit trop la vie, dis-leur de rester chez eux, et que j’irai, moi, à la guerre ! »
— Vraiment ? — Oui, vraiment. »
Il sortit en riant et sursautant.
« Dieu vous garde, Bikā Paneru mon père. — Fils, longue vie à toi, puisse-tu survivre et prospérer ! Qu’a-t-elle dit ? — Elle a parlé ainsi :
‘Vrille de concombre sur un tuteur de pin / moi, fille de Riṭhyāl Kārki, je me battrai jusqu’à la fin.
Si la lignée de ton père et de ton oncle chérit trop la vie, qu’ils restent chez eux, j’irai, moi, à la guerre ! 
Tu as bien fait de venir me voir, petit, tu as agi correctement’. »
Il dit cela, et alors [de son côté Bijaya Singh Geḍo s’écria]: «Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! ». Bijaya Singh Geḍo s’empara des chevaliers survivants du fort d’Aṭhlās et les mena à Dhuṁśilā, grand-roi ;
comment va-t-il se préparant…
Yā ho !
J’ai les côtes solides, l’échine solide (bis)
J’ai les côtes solides, l’échine solide (bis)
J’ai les côtes solides, l’échine solide (bis)
Il revêt sur sa tête un turban de velours
Il revêt sur sa tête un turban de velours
Il revêt sur sa tête un turban de velours
Il revêt sur son torse une tunique étincelante
Il revêt sur son torse une tunique étincelante
J’ai les côtes solides, l’échine solide
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il revêt sur son dos un bouclier en forme de lune
Il revêt sur son dos un bouclier en forme de lune
Il revêt sur son dos un bouclier en forme de lune
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il revêt sur sa tête un turban de velours
Il revêt sur sa tête un turban de velours
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il revêt sur son torse une tunique étincelante
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il saisit dans sa main une canne-épée
Il saisit dans sa main une canne-épée
Le cimeterre au côté droit, roi
La dague au côté gauche, roi
Il revêt sur son dos un bouclier en forme de lune
Celui qui est né du brave combattra de front
Il saisira dans sa main une canne-épée
Le cimeterre au côté droit, roi
Il saisit dans sa main une canne-épée
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front


La dague au côté gauche, roi
Il saisit dans sa main une canne-épée
O grand-roi ! Le corps robuste, l’échine robuste, l’arc bhataḍi robuste, le cimeterre au côté gauche, la dague au côté droit, [armé du] le sabre [à manche] de bouleau, de la canne-épée, du poignard à tête de dieu, équipé des cinq-armes il s’en fut à Dhuṁśilā.
Tandis que Bijaya Singh Geḍo se rendait à Dhuṁśilā, ‘pari à douze, pari à dix-huit’, la mère de Chandra Bhān dit [à son fils]: «Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! Là-bas, un groupe de chevaliers arrive pour attaquer Dhuṁśilā !
Hélas, ce n’est plus le moment de s’asseoir. Où es-tu ? Que fais tu ?
— Ô mère – meurs en buvant le brouet de ta race, fille d’ennemi – moi, je [reste] à la maison ! — Non ! Pose ce plateau de jeu, et vas-y ! » Elle parla ainsi
et alors, ô grand-roi, Chandra Bhān Paneru s’en fut, les côtes solides, l’échine solide, l’arc bhataḍi robuste, le cimeterre au côté gauche, la dague au côté droit, [armé du] sabre [à manche] de bouleau, de la canne-épée, du poignard à tête de dieu, équipé des cinq-armes, il s’en fut au réservoir.
Lorsqu’il se rendit au réservoir, une moitié de nuit passée, une moitié de nuit devant, ce fut le beau milieu de la nuit. Puis le matin parut, on détacha les vaches, le jour perçant brilla,
le coq perché chanta, le roi et ses sujets s’éveillèrent, le conseil se réunit dans la salle d’audience, grand-roi, et Chandra Bhān massacra la moitié des chevaliers du Kumāon qui se trouvaient là.
Celui-là s’enfuit qui était la paille dans l’œil, le buisson d’épines dans la couche, le sang dans le lait, [Vijaya Singh Geḍo].
Alors, Chandra Bhān vint chez son père. «Dieu te garde, Bikā Paneru ! — Fils, longue vie à toi, puisse-tu survivre et prospérer. Alors ?
— J’ai exterminé le Kumāon aux vingt-deux-royaumes.
— Tu les as exterminés? — Oui, je les ai exterminés !
— Et celui qui était la paille dans l’œil, le buisson d’épines dans la couche, le sang dans le lait : lui aussi, l’as-tu tranché, fils ?
— Celui-là, il s’est enfui, père.
— Ah ! Malheureux ! Mais tu n’as rien exterminé du tout. Est-ce la vérité ? — La vérité. »
Et Chandra Bhān allait partir sur son cheval Kalkhauwā, grand-roi, mais son père lui dit : « Attends, fils, ton cheval est lent. Prends donc le mien, prends le mien !
— Vraiment ? — Oui, vraiment. »
Il sella le cheval de son père, grand-roi,
et le fouetta [si bien qu’]on ne voyait plus que l’aigrette de son turban, [si bien qu]’on le voyait à Naukhuce Bhimtāl, grand-roi !
Et il dit : «Hé, Vijaya Singh Geḍā ! Attends un peu ! me voilà, ton maître est arrivé ! Attends un peu ! 
— Ma chance a tourné. L’ennemi me défie ! » Il se tourna brusquement, et parvint près de Chandra Bhān.
« Hé, l’aîné, Vijaya Singh Geḍā !
— Qu’y a-t-il, cadet ?
— Rien d’autre que ceci : frappe ! Toi, frappe donc ! — Non, non, cadet, frappe donc, toi ! — Non, non, toi, frappe donc ! Tu te chauffes à un soleil [plus] vieux [que le mien], tu portes un vêtement [plus] vieux [que le mien]. Frappe donc !
— Vraiment ? — Oui, vraiment. »
Et Chandra Bhān du haut de son cheval se retourna pour présenter son dos, grand-roi.
Vijaya Singh Geḍo frappa de toutes ses forces mais il ne coupa même pas la moitié d’un cheveu.
« Eh, frère aîné ! Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! dit Chandra Bhān. Puisse ton renom demeurer, puisse ta descendance s’éteindre ! Attends ! A chacun son tour au mortier, à chacun son tour à la meule, à chacun son tour au moulin, à chacun son tour à la corvée d’eau ! Alors, donne-moi mon tour ! 
— Hé, cadet ? Pourquoi te donnerais-je ton tour ? C’est désormais mon tour à moi, Vijaya Singh Geḍā. »
Pris d’une grande colère, en dégainant son poignard paunapāt, de quelle manière se met-t-il à faire, grand-roi…
Ya ho!
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Il se dressera comme le serpent, le chevalier
Il se dressera comme le serpent, le chevalier
Il se dressera comme le serpent, le chevalier
Comme un brave, il combattra de front
Il assène le choc à la tête, le chevalier
Il assène le choc à la tête, le chevalier
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Le chevalier commence à goûter à la bataille
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui est né du brave combattra de front
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
Celui qui est né du brave combattra de front
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Celui qui a grandi dans les jupes de sa mère combattra en traître
Celui qui est né du brave combattra de front
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
…
L’ami ! Nuage et vent passeront au ciel, et la brume sur le fleuve
Installé dans sa colère, Chandra Bhān infligera des blessures avec ses armes

((Nuage et vent passent au ciel))
((Il rugira comme le tigre, le chevalier))





[Chandra Bhān] trancha [Vijaya Singh Geḍo] comme un buisson de framboisier, grand-roi.
Il enroula la touffe de cheveux [de Vijaya Singh Geḍo], longue de vingt-deux paumes, autour de son bras, il fouetta son cheval –
cadaclop ! pataclop ! – et il parvint devant son père Bikā Paneru.
« Dieu te garde, Bikā Paneru ! — Longue vie à toi, mon fils,
puisses-tu être fortuné, puisses-tu être immortel ! Tu l’as tranché ?
— Oui, je l’ai tranché. Celui qui était le sang dans le lait, le buisson d’épines dans la couche, je l’ai tranché.
— Ah ! Tu as bien agi, mon fils, tu as fait ce qu’il fallait. Désormais, que mon renom demeure, moi Bikā Paneru, et que ma descendance s’éteigne ! ».
Il dit cela, grand-roi, et, [en effet] sa descendance s’éteignit.
Et le lendemain matin le jour suivant monta, on détacha les vaches, le jour perçant brilla, le coq perché chanta, le roi et ses sujets s’éveillèrent, et le conseil se réunit dans la salle d’audience.
« Meurs en buvant le brouet de ta race, fils d’ennemi ! Ô nobles femmes ! Allumez des lampes dans vos mains bienveillantes, et si vous en savez, il faut chanter les bhājan pour Rām ! 
Il n’y a pas de profit à tuer quelqu’un d’autre !
De quoi demain sera-t-il fait ? Il faut mourir de la blessure de son propre poignard.
Il faut dire à Bijjwā Boharā qu’il emmène un peu ce petit enfant Dhanai Paneru près du réservoir et qu’il l’entraîne à la lutte, il faut lui dire qu’il l’entraîne à la lutte. »
« Eh, Bijjwā Boharā ! Emmène un peu ce petit enfant Dhanai Paneru au réservoir, et entraîne-le à la lutte ! »
On dit cela et, à ce moment-là, grand-roi, de quelle sorte Bijjwā Boharā emmène-t-il le petit enfant Dhanai Paneru au réservoir pour l’entraîner à la lutte…
Yā ho !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi
On t’a apporté du lait chaud, bois-en, s’il te plaît
Ton père s’est mis à pleurer – réveille-toi !
Ta mère a pris un baiser sur ta joue – réveille-toi !
Ton oncle paternel s’est mis à pleurer – réveille-toi !
Je t’ai fait chauffer du lait, bois-en s’il te plaît !
Ta mère s’est mise à pleurer – réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
Je vais prendre un baiser sur ta joue – réveille-toi !
Je vais prendre un baiser sur ta joue – réveille-toi !
Je vais prendre un baiser sur ta joue – réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
On t’a apporté du lait chaud, bois-en, s’il te plaît
On t’a apporté du lait chaud, bois-en, s’il te plaît
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
Ton frère s’est mis à pleurer – réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
On t'a retourné dans tous les sens
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
Réveille-toi, mon bébé Dhanā, réveille-toi !
O grand-roi ! Bijjwā Boharā s’était emparé de l’enfant Dhanā Paneru et l’avait emmené près du réservoir pour l’entraîner à la lutte.
« Hé, Bijjwā Boharā ! », dit-on, grand-roi. « Qu’y a-t-il ?
— Rien d’autre que ceci : as-tu entraîné l’enfant Dhanā Paneru à la lutte ? — Oui, je l’ai entraîné.
Là-bas, il flotte dans l’eau comme la graine de gahat dans le bouillon du dāl ! »
La mère Bairāgiśilā, la tante de l’enfant, ô grand-roi, alla là-bas chanter des lamentations :
« Réveille-toi, Dhanā mon bébé, réveille-toi donc ! J’ai apporté du lait chaud, bois-le ! Réveille-toi, Dhanā mon bébé ! Je prends un baiser sur ta joue, réveille, toi donc ! Je te retourne dans tous les sens, réveille-toi donc ! Réveille-toi, Dhanā mon bébé, réveille-toi donc ! »
dit-elle, ô grand-roi.
Alors la gent de Bikā Paneru saisit un récipient doré dans sa main et alluma une lampe en récitant ‘Rām Rām Rām Rām Rām », et les nobles femmes se préparèrent à se jeter dans le bûcher.
Puis, précipitant un couteau au ciel, eux-mêmes couchés sur les enfers, comment la gent de Bikā Paneru s’apprêta-t-elle à accomplir sa destinée…
Ya ho!
Lance à présent ton poignard au ciel, Bikā Paneru
Elle évite à présent l’anneau de son doigt, la reine Perle
Evite l’anneau de ton doigt, Bikā Paneru
Lance à présent ton poignard au ciel, Bikā Paneru
Evite l’anneau de ton doigt, Bikā Paneru
Tombe toi-même par terre, Bikā Paneru, tombe
Oui, grand-roi, ayant entraîné à la lutte [et noyé] ses propres enfants, ayant accompli sont destin de sa propre main, la gent de Paneru accomplit son destin.
En ce temps-là, on dit « lance ton poignard au ciel, Bikā Paneru / et toi-même, reçois-le par terre, Bikā Paneru / évite l’anneau de ton doigt, Bikā Paneru ». Et son propre destin, il l’accomplit de sa propre main. Sa renommée et ses exploits [étalés sur une période si courte que] quatre jours, de quelle manière demeurent-ils à travers les quatre ères…
[aparté]
Yā ho !
Que la renommé des grands héros demeure pendant quatre ères
Jouons et chantons, et je donnerai la bénédiction
Longue vie à ceux qui donnent, comme à ceux qui ne donnent pas, pour des centaines de milliers d’années
Le parfum des fleurs va par ce monde
Jouons et chantons, et je donnerai la bénédiction
Le parfum des fleurs va par ce monde
Qui donnera un vêtement, je célèbrerai son nom !
Qui donnera des boucles d’oreille, je célèbrerai sa gloire !
Les fleurs fleuriront, leur parfum restera
Les fleurs fleuriront, leur parfum restera
Les fleurs fleuriront, leur parfum restera
Les fleurs fleuriront, leur parfum restera
Les fleurs fleuriront, leur parfum restera
[aparté]